Jumping de Dinard : le samedi c’est Derby !
Emeric GEORGE (FRA) et Dune du Ru remportent le Derby de Bretagne
et assurent le suspense
Le Jumping de Dinard s’est poursuivi avec 6 épreuves, deux sur le terrain en sable et quatre sur le terrain en herbes dont le mythique Derby de Bretagne. Cette année encore, il a maintenu le suspense jusqu’au dernier partant pour le plus grand plaisir du public.
CSI1*, doublé pour Elsbeth Goltz, Monaco aux honneurs.
Toujours sur le terrain d’honneur comme depuis le début de cette compétition, les cavaliers amateurs devaient pour la première fois réaliser un sans faute pour prendre part à la phase finale de l’épreuve sur 1,15m et se voir récompensés par L’institut Esthederm, fidèle partenaire du Jumping de Dinard. 17 des 32 couples au départ eurent ce privilège. La cavalière irlandaise Elsbeth Goltz, en selle sur Iris, sa jument KWPN de 10 ans, gagnante de l’épreuve à 1,15m la veille, réitère la performance en signant le meilleur temps des onze sans fautes (40’’77), également réalisé par sa compatriote Aisling Byrne, aux commandes de Celeste SPB Z, avec laquelle elle partage la victoire. L’américaine Mary Wickstrom, en selle sur Lardarello, complète le podium.
Les 50 cavaliers les plus expérimentés de cette catégorie s’affrontaient ensuite, grâce au précieux soutien de l’iconique Hôtel Royal Emeraude, sur un parcours surélevé à 1,25m. 21 d’entre eux, ayant signé un sans faute disputaient un barrage endiablé dominé par la cavalière monégasque Marie Eder Ferreiro, aux rênes de sa jument BWP de 8 ans, Jina Van’t Athof, suivie de Camille Fuzeau Thomas/Emingway, et Caroline Roger/Utopia du Rouet. Guillaume Canet, fidèle de l’événement, classe James Bond du Bec en 6ème position.
CSI3*, Alix Ragot vainqueur dans un barrage à sept
Dans le Prix CRE Bretagne (Comité Régional d’Equitation), ultime épreuve pour ce label avant le Grand Prix de dimanche, les 52 couples en lice, représentant onze nations, étaient tenus de réaliser un tour parfait pour prétendre au barrage. Ce ne fut pas une mince affaire, puisque seuls sept couples y parviennent, tandis que quatre sont éliminés et cinq décident d’abandonner. Sur le parcours réduit du barrage qui permettait aux finalistes de galoper à leur aise, Robin Lesqueren/FBI d’Ellipse, Alexandra Amar/Lyon Van de Plataan (SUI), Jean Le Monze /Famoso du Sillon, Philippe Rozier/Dirty Sweet, Carlos Hank Guerrero/HS Ganesh SH Hero Z, et Nicolas Delmotte/Jeck K réitèrent le sans faute. Mais le chronomètre, implacable, désigne comme vainqueur Alix Ragot associé à Diaz de Ush avec près d’une seconde d’avance sur ses poursuivants.
CSI5*, Le prix l’Eperon – Charles de Cazanove, et de deux pour Conor Swail
Trente sept des stars qui avaient fait le déplacement pour cette édition 2023 étaient au départ du prix l’Eperon – Charles de Cazanove, jugé au chronomètre sur des obstacles à 1,50m. Cet ultime parcours avant le Grand Prix Rolex de demain était davantage l’occasion de procéder aux derniers ajustements plutôt que de chercher à tout prix à abaisser le chronomètre. Parmi les douze sans faute, la victoire revient à l’irlandais Connor Swail, déjà vainqueur de l’épreuve 5* du jeudi 27, avec la même monture, Theo 160, un Holsteiner de 11 ans, qui signe un chronomètre plus rapide de près de deux secondes que son compatriote Shane Sweetnam, associé à Out of the Blue SCF, tandis que le belge Gilles Thomas classe Feromas Van Beek Z en troisième position.
Top 7, la finale !
L’épreuve parrainée par le Groupe Lamotte et l’Elevage d’Helby de la famille Lamotte venait clôturer trois jours de compétition et sacrer le meilleur des 44 jeunes espoirs de 7 ans. Au menu, un tour initial sur 1,40m suivi d’un barrage pour les 17 sans fautes. Nicolas Layec, talentueux cavalier maison des écuries de Bruno Rocuet, mène à la victoire le hongre Georgio Louvo Z (ISO 139/2022) fils de George, alias GeorgeZ (SBS), lui-même fils de Kannan et de la célébrissime BWP Usha Van’t Roosakker, croisé avec Braise Louvo par Quintus d’09 (BWP), né chez Yves Berlioz, éleveur basé au Haras des Louveaux au Molay Littry (14) où 15 à vingt poulains naissent chaque année, reconnu pour sa production de qualité, notamment grâce à Opgun Louvo, champion du monde de concours complet lors des JEM de 2014 avec Sandra Auffarth. Nicolas Layec, enchanté de son protégé, le soulignait en souriant « Mine de rien il y avait beaucoup de sans fautes, j’avais la chance d’être le dernier à partir, j’ai tout donné, je n’avais rien à perdre, et un seul objectif, être vite et sans faute. » Deuxième à près de deux secondes, Gergovia, SF issue du croisement entre Contendro *GFE et Carlita par l’Arc de Triomphe, né chez Henriette Evain à La Cour Bonnet (14), et confiée aux rênes expertes de Valentin Besnard. Sous la selle d’Alix Ragot, très en forme ce week end, Gotcha de Baerenrain, SF fille de Vagabond de la Pomme et Light and Esay par Fetiche du Pas. Dans les années à venir, ces champions en formation reviendront fouler les terres dinardaises pour s’affronter sur les plus belles épreuves.
Le Derby de Bretagne : Emeric George (FRA), l’expérience a parlé !
Epreuve mythique de ce Jumping de Dinard, le Derby de Bretagne, proposé comme le veut la tradition sur un parcours identique chaque année par Jean François Morand sur des cotes à 1,45m, réunissait lors de cette édition 16 couples parmi les plus téméraires, bien déterminés à boucler les 1100 mètres d’un parcours émaillé de 25 efforts composés d’obstacles mobiles et naturels tels que buttes, talus, gué et banquettes, soit 600 mètres et une dizaine de sauts de plus que sur un parcours classique. La veille, les cavaliers avaient eu l’opportunité de familiariser leurs montures avec le fameux gué situé au cœur du terrain, tout à côté de l’impressionnante pergola. Comme chaque année, des milliers de spectateurs, friands de ce spectacle de plus en plus rare sur le circuit international, s’étaient assurés dès le début de l’après midi une place autour du terrain d’honneur du Val Porée, resplendissant dans sa décoration rose fuchsia.
Pour assister au premier sans faute (en 171’’07), il aura fallu attendre le passage du 12ème couple en lice, le champion olympique suisse Steve Guerdat, récent vainqueur du Derby de Falsterbö, cette fois en selle sur Easy Star de Talma, âgé seulement de 9 ans, issu du croisement du crack Quick Star et de Talma de Toscane par Opium de Talma, concocté par Michel Guiot, par ailleurs président de la Société Hippique Française. Mais il restait encore deux sérieux candidats à la victoire, dont le très expérimenté Nicolas Delmotte, réputé pour être rapide, et ce fut le cas avec sa complice du jour, Denerys du Montceau, 10 ans, fille de l’Arc de Triomphe* Bois Margot et Niobe de Nantuel par Rox de la Touche, qui vient détrôner le champion helvétique en signant un splendide sans faute en un temps de 167’’01. Le public n’aura pas regretté d’être resté jusqu’au bout de ce Derby 2023, en dépit d’une ondée persistante, car le dernier à prendre le départ, Emeric George, ex cavalier de concours complet de haut niveau, a mis en application toute son expérience sur ce parcours composé en partie d’obstacles naturels, aux commandes de Dune du Ru, 10 ans, fille de Vagabond de la Pomme et Sirène de la Motte par Apache d’Adriers, qui met tout le monde d’accord en signant le troisième sans faute du jour en un temps de 159’’89 et empoche la victoire.
Ils ont dit…
Steve Guerdat, 3ème, confiait s’être régalé tout au long du parcours avec son partenaire du jour qui n’avait jamais sauté un obstacle fixe de sa vie avant l’année dernière, mais « adore ça », et apprécier particulièrement ce type d’épreuves, qui « fait du bien aux chevaux, se rapproche de la nature même de notre sport, et change un peu des parcours habituels qui deviennent parfois ennuyeux pour les spectateurs comme pour nous cavaliers. Il est dommage que les derbys disparaissent de plus en plus des programmes » concluait Steve Guerdat, qui confirme son net penchant pour les chevaux français qui correspondent à son équitation.
Nicolas Delmotte, 2ème, rend hommage à sa jument qui a « sauté magnifiquement » mais qu’il sentait légèrement fatiguée sur la fin du parcours. « C’est pourquoi je n’ai pas accéléré sur la fin, et même ralenti un tout petit peu pour qu’elle reprenne son souffle. Bien sûr c’est toujours une petite déception de ne pas gagner, mais 2ème c’est aussi très bien. J’ai choisi d’engager Denerys du Montceau car elle avait déjà couru le Derby de la Baule, elle est très compétitive sur ce niveau. Dès qu’une épreuve comme celle-ci figure sur le programme, et que j’ai le cheval pour, j’y participe car c’est agréable à monter, surtout ici grâce à ce public très enthousiaste et connaisseur. J’avais anticipé l’entraînement de Denerys pour éviter qu’elle soit surprise. Le Derby est une excellente façon de faire évoluer certains chevaux » concluait Nicolas Delmotte.
Emeric George, vainqueur, « J’avais couru le Derby avec cette même jument l’année dernière, j’ai visionné la vidéo, cette année elle a gagné en maturité. Elle a beaucoup de sang et d’énergie, elle est très courageuse, dès notre première expérience sur ce type de parcours, j’ai senti qu’elle était faite pour cela, et par ailleurs1,45 m n’est pas le maximum de ce qu’elle peut faire, et aujourd’hui je peux me permettre de prendre davantage de rythme et de la relancer. Malheureusement, les Derbys, que j’aime beaucoup, sont des épreuves qui se raréfient, car c’est un exercice ludique pour les chevaux qui n’est pas du tout incompatible avec les épreuves classiques, et très utile dans leur formation vers le haut niveau. » Emeric George rendait hommage à la famille Mars, dont il fait partie, pour lui avoir donné l’opportunité, de participer à son premier CSI5* à Dinard et d’y revenir chaque année, ainsi qu’au public.